Quand la pandémie de Covid-19 favorise l’innovation pédagogique européenne
Chargée de mission pour les pédagogies innovantes de l'Alliance universitaire européenne 4EU+, Sabine Bottin-Rousseau porte le projet « Covid-19 crisis as a model for data litteracy ».
Ce cours en ligne est proposé par Sorbonne Université en partenariat avec les universités de Prague, de Milan et d’Heidelberg. Il vise à donner aux étudiantes et étudiants les connaissances nécessaires pour mieux comprendre la pandémie de Covid-19 et exercer leur esprit critique à travers une démarche multidisciplinaire et le traitement des données.
Comment est né ce projet ?
Sabine Bottin-Rousseau : Ce projet est né d’une double motivation. D’une part, un certain nombre de questions liées à la crise sanitaire actuelle font appel à des compétences transversales que nous souhaitons développer chez nos étudiantes et étudiants dans le cadre de la construction de l’université européenne 4EU+ : l'esprit critique et la culture de la donnée.
D’autre part, ce projet, porté par une équipe pédagogique européenne, est l'occasion d’innover en termes de mobilité virtuelle et de démontrer la faisabilité d’une formation commune avec des partenaires internationaux. Le cadre de l’Alliance 4EU+ permet de promouvoir des méthodes d'apprentissage et d'enseignement innovantes tournées vers l'avenir.
Quels sont ses objectifs ?
S. B.-R. : La crise de la Covid-19 pose des questions dans de nombreux domaines. Grâce à ce cours, nous voulons montrer d’une part que l’université peut s’emparer de grands enjeux sociétaux, et d’autre part que des bases solides dans plusieurs disciplines sont nécessaires pour les résoudre. Cet enseignement multidisciplinaire est aussi une initiation à la recherche très tôt dans le cursus puisqu’il est proposé dès la première année de licence.
Par ailleurs, il se veut une expérience d'apprentissage véritablement européenne. Pour la communauté étudiante, c’est l’occasion d’échanges interculturels, d’un travail en anglais avec leurs pairs à l’international, de partage de points de vue européens parfois différents sur une problématique commune et actuelle.
À qui s’adresse-t-il ?
S. B.-R. : Il sera proposé, à partir du second semestre 2020-2021, au public étudiant de licence de philosophie, sociologie et géographie de la faculté des Lettres ainsi qu’à celui de licence de la faculté des Sciences et Ingénierie.
Nous espérons accueillir au total près de 250 étudiants et étudiantes dans les quatre universités de l’Alliance, soit environ une cinquantaine par établissement.
Comment va-t-il se dérouler ?
S. B.-R. : Entièrement en ligne, ce cours de 3 ECTS sera dispensé en anglais. Les questions posées par la pandémie seront abordées sous forme de courtes vidéos à travers des enseignements en sociologie, philosophie, géographie, sciences politiques, psychologie, gynécologie, biochimie et épidémiologie.
Dans un deuxième temps, les étudiantes et étudiants travailleront sur les données et les statistiques pour maîtriser et comprendre les représentations numériques. Ils découvriront ce qu'est un modèle d'épidémiologie et comment l’utiliser sur des données réelles. Afin de proposer ce cours à un public à la fois littéraire et scientifique, le cours de statistiques sera modulaire et conçu pour différents niveaux.
Enfin, les étudiantes et étudiants travailleront en petits groupes internationaux. Ils choisiront un sujet lié à la pandémie et feront un rapport sur cette question dans la discipline de leur choix. Par exemple, ils pourront, en géographie, être amenés à examiner les politiques de confinement dans les différents pays, comparer leur calendrier, l'évolution du nombre de personnes malades ou la façon dont ces politiques ont impacté la circulation du virus, des personnes, des biens, et des flux financiers.
Qui seront les intervenants ?
S. B.-R. : Les cours de philosophie, de géographie et de sociologie seront dispensés par des enseignants et enseignantes de la faculté des Lettres et le cours de statistiques par un mathématicien de la faculté des Sciences et Ingénierie de Sorbonne Université. Je m’occuperai quant à moi des travaux pratiques de statistiques avec un mathématicien.
Les cours de sciences politiques seront donnés par des experts de l’université d’Heidelberg et les cours de biologie et de médecine par des enseignants de l’université de Milan et de l’université Charles de Prague.
La communauté enseignante bénéficiera du soutien des centres de pédagogie des facultés de chaque établissement.
Quelle suite sera donnée à cet enseignement ?
S. B.-R. : Ce cours a vocation à durer au moins deux ou trois ans et fera partie des programmes de licence des universités partenaires. Nous envisageons également de pouvoir le faire évoluer dans un MOOC (cours en ligne) 4EU+.
À long terme, nous espérons qu’il devienne un exemple pour développer les connaissances scientifiques, l’esprit critique et la culture des données des étudiantes et des étudiants, dans un cadre européen.
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Pour les étudiants de la faculté des Sciences et Ingénierie, contacter Sabine Bottin-Rousseau
Pour les étudiants de la faculté des Lettres, contacter Olivier Milhaud.