Cire de Delaître, A-P. Pinson
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Musealia - Buste en cire de Delaître, dit « La Taupe »

Tous les mois, Sorbonne Université fait découvrir à sa communauté et au grand public un objet issu de ses collections patrimoniales.

Ce mois-ci, découvrez le buste en cire de Delaître, dit "La Taupe", réalisé entre 1780 et 1820 et attribué à André-Pierre Pinson (1746-1828) . Cette pièce est conservée au sein des collections d'anatomie pathologique Dupuytren.

Le cycle Musealia est piloté par la Bibliothèque de Sorbonne Université, et notamment son Pôle Patrimoine.

. Musealia - Buste en cire de Delaître, dit « La Taupe »

Buste en cire de Delaître, dit « La Taupe »

Ce buste en cire, extrêmement réaliste, fait partie des plus anciennes pièces du « Musée Dupuytren », dont les collections sont conservées sur le campus Pierre et Marie Curie de Sorbonne Université. Attribué au chirurgien et céroplaste André-Pierre Pinson (1746-1828), il représente le jardinier Philippe Delaître. Lorsque la Société royale de Médecine s’arrête sur son cas, en 1786, il est âgé d’une trentaine d’années, vit à Meaux et « vient à Paris deux fois par semaine vendre ses légumes ». La tumeur qui lui couvrait une grande partie du visage « a fait donner à ce jardinier le surnom de la Taupe, et on le connaît plus sous ce nom, dans le faubourg de Meaux qu’il habite, que sous celui de Delaître ».

Nous possédons tous des nævi (ou grains de beauté), constitués de l'agrégation de mélanocytes, mais le nævus géant qui recouvrit progressivement le visage du jardinier Delaître attira l’attention de nombreux scientifiques à la fin du XVIIIème et au début du XIXème siècles, du chimiste Fourcroy à Jean-Louis Alibert, médecin fondateur de la dermatologie en France, et qui raconte « l’histoire du jardinier Delaître » dans sa Monographie des dermatoses ou précis théorique des maladies de la peau (1832).

C’est dans ce contexte que Pinson, qui exposa sa première sculpture au Salon du Louvre en 1771, réalisa le portrait de Delaître. Fils de chirurgien et chirurgien lui-même, il mit ses connaissances médicales au service de la céroplastie, jusqu’à être nommé en 1795 « artiste modeleur en cire » à l’Ecole de Santé. Les collections d’anatomie pathologique Dupuytren conservent près de 300 cires, majoritairement réalisées par les plus grands céroplastes du XIXème siècle (Tramond, Baretta, etc.) et qui, comme le portrait de Delaître, permettaient de « fixer » à des fins scientifiques et pédagogiques des pathologies qui, pour beaucoup, restaient encore mystérieuses.

Par Eloïse Quétel, responsable des collections d'anatomie pathologique Dupuytren, Pôle Patrimoine, Bibliothèque de Sorbonne Université.

Bibliographie