Musealia - Carte physique et minéralogique du Mont-Blanc et des montagnes et vallées qui l'avoisinent
Tous les mois, Sorbonne Université fait découvrir à sa communauté et au grand public un objet issu de ses collections patrimoniales.
Ce mois-ci, découvrez la Carte physique et minéralogique du Mont-Blanc et des montagnes et vallées qui l'avoisinent, la plus ancienne des cartes géologiques conservées à la bibliothèque de Géosciences et environnement de l'université.
Le cycle Musealia est piloté par la Bibliothèque de Sorbonne Université, et notamment par son Pôle Patrimoine.
Carte physique et minéralogique du Mont-Blanc et des montagnes et vallées qui l'avoisinent
Les collections de cartes de la bibliothèque de Géosciences et environnement sont liées à l’histoire du laboratoire de géologie de la Sorbonne, créé en 1857 par Edmond Hébert, titulaire de la chaire de géologie. Cette carte du massif du Mont-Blanc, issue de ce fonds, est la plus ancienne des cartes de géologie de la bibliothèque.
Elle a été levée entre 1797 et 1799 par Jean-Baptiste Raymond, ingénieur-géographe à Paris, capitaine au corps royal des ingénieurs géographes militaires, membre de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie.
Pour la réaliser, il s’est appuyé sur les meilleures données de l’époque et sur les avancées normatives. Il a notamment mis à profit la carte du général Louis Albert Guislain Bacler d’Albe (1761-1824), considéré comme l’un des meilleurs cartographes de son temps pour le dessin des montagnes.
Il est le premier à appliquer les nouvelles recommandations de la Commission de normalisation de 1802 : utilisation d’instruments de mesure plus justes, nivellement à partir du niveau de la mer, utilisation d’une seule perspective et de signes conventionnels, projection de Flamsteed modifiée, système de hachures avec éclairement oblique. Le résultat servit de référence pendant toute une partie du 19e siècle, remplaçant la carte de Giovanni Tommaso Borgonio (1620-1683) géographe, spécialiste de la Savoie au 17e siècle.
« Elle est spécialement destinée à servir de complément de M. de Saussure dans les Alpes, et pour l'utilité des voyageurs, qui vont visiter les glaciers de Chamonix ». Cette carte complète ainsi les recherches du précurseur de la géologie alpine, Horace Bénédict de Saussure (1740-1799). Physicien, géologue et naturaliste genevois, il atteint le sommet du Mont-Blanc en 1787 et y effectue des observations de terrain. Elle accompagne également les débuts de l’alpinisme comme discipline sportive à la fin du 18e siècle.
Cette carte fait partie des cartes thématiques des Alpes représentant la Haute-Savoie au 18e siècle. En noir avec des colorations manuscrites en vert, on a utilisé la technique de l’estompage pour améliorer le rendu du relief, pratique très courante sur les cartes anciennes. Comme la plupart des cartes de cette époque, elle est entoilée afin de consolider le papier, technique utilisée pour d’autres types de cartes comme celles dressées et utilisées au 17e siècle par les ingénieurs militaires. On peut ainsi les plier de différentes manières ; la carte devient plus maniable et la consultation facilitée.
Par Michèle Gélis, responsable de la cartothèque de la bibliothèque de Géosciences et environnement (BSU).
Fiche technique
- Dénomination/Type : Carte physique et minéralogique du Mont-Blanc et des montagnes et vallées qui l'avoisinent
- Mesures : 60 x 86 cm
- Date : 1799
- Lieu de conservation : Bibliothèque de Géosciences et environnement
Bibliographie
- Sorbonne Université, « Collections et fonds remarquables ».
- Bibliothèque numérique de CHAMBERY, « CAMBERI@ Patrimoine de Chambéry numérisé ».
- Marie-Anne CORVISIER-DE VILLÈLE, Claude PONNOU, La France vue par les militaires. Catalogue des cartes de France du dépôt de la guerre. T.1, Ministère de la Défense, Etat-Major de l'Armée de terre, Service historique, 2001.
- Patrice RACT, Les ingénieurs géographes des camps et armées du roi, de la guerre de Sept Ans à la Révolution (1756-1791) : Étude institutionnelle, prosopographique et sociale, 2002 .
- Christian SORREL, « Comment la Savoie et Nice sont devenues françaises », L’Histoire, n°351, mars 2010.