Covid-19. Les étudiants en santé se mobilisent sur Covidom
Dans cette crise sanitaire sans précédent, la communauté étudiante de la faculté de Médecine se mobilise aux côtés des soignants.
Parmi eux, certains ont choisi de s’engager sur Covidom, une application e-santé qui permet aux patients porteurs ou suspectés du Covid-19 sans signe de gravité de bénéficier d’un télésuivi à domicile.
Ils sont étudiants en médecine, soins infirmiers, maïeutique, kinésithérapie, psychomotricité, orthophonie ou encore orthoptie… tous engagés au service des malades du Covid-19. Si beaucoup d’étudiants en santé se sont portés volontaires comme infirmier, aide-soignant ou brancardier, d’autres ont choisi de rejoindre le dispositif de e-santé Covidom. Cette plateforme de télésurveillance francilienne permet d’assurer, via une application, un suivi à distance pour les malades du Covid-19 suffisamment bien portants pour ne pas être hospitalisés, mais qu’il faut continuer à surveiller afin d’anticiper de potentielles aggravations de la maladie.
Une deuxième ligne essentielle pour les malades
« Au 31 mars, 23 650 patients étaient suivis par Covidom », indique Sophie Christin-Maître, vice-doyenne Vie étudiante de la faculté de Médecine. Déployée depuis le 9 mars par l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et la société Nouveal e-santé, cette application permet d’éviter de surcharger les établissements de santé, les urgences et le 15. « Les patients sont inscrits sur la plateforme par le médecin qui fait le diagnostic. Ils doivent ensuite remplir quotidiennement un questionnaire médical. En cas de symptômes aigus (comme une forte fièvre ou une gêne respiratoire importante), des alertes sont générées et envoyées à l'équipe soignante de la plateforme. Elle contacte alors le patient pour adapter le suivi et la prise en charge », explique la vice-doyenne.
Aux côtés des soignants, les étudiants en santé volontaires du centre de télésurveillance médicale appellent les malades et évaluent leur état. « On ne nous demande pas de gérer un patient comme à l’hôpital, mais de repérer, par téléphone, ceux qui ne vont pas bien en les interrogeant sur leurs symptômes cliniques : fréquences respiratoire et cardiaque, température, frissons, malaise, gêne à la respiration, etc. », précise Damien Lévêque, étudiant en quatrième année de médecine. Lui a choisi d’intégrer Covidom pour se rendre utile durant cette crise : « Bien sûr, nous avons besoin de beaucoup de personnes en première ligne dans les hôpitaux, mais nous avons aussi besoin de personnes en deuxième ligne pour aider à prévenir les aggravations des patients restés à domicile ». « Même si nous ne sommes pas directement sur le terrain, le suivi à distance que nous faisons est l’occasion de donner quelques conseils, de répondre aux questions, de rassurer et calmer une éventuelle anxiété, mais aussi de soulager le Samu surchargé par les appels », poursuit Patricia Abraham, étudiante en quatrième année de kinésithérapie, qui entame sa deuxième semaine au sein de Covidom.
Une expérience humaine riche d’enseignements pour les futurs professionnels de santé
Comme Damien et Patricia, ils sont plus d’une cinquantaine d’étudiants en santé à se relayer sept jours sur sept, de 8h à 20h, sur la plateforme installée dans un centre de formation de l’AP-HP réaménagé pour l’occasion. Casque d’opérateur téléphonique sur la tête et masque chirurgical sur le nez, ils sont installés avec les autres professionnels de santé par « cellule » de quatre ou cinq intervenants. « Chaque cellule est supervisée par un médecin référent qui nous oriente, nous conseille quand nous avons un doute lors de nos appels. Lorsque nous sommes face à un cas critique, il reprend la main et décide si le patient doit rester chez lui ou être hospitalisé », explique Patricia Abraham.
Pour répondre aux appels, ils ont reçu une formation d’une demi-journée. Accompagné par un pair plus expérimenté, ils ont appris à poser les bonnes questions et à vérifier si les patients ont correctement mesuré leurs constantes. « Nous ressentons une grande responsabilité. Nous devons être très rapidement opérationnels, savoir déceler quand le patient va mal et s’il faut le transférer au médecin référent », raconte Patricia. « Chaque appel est différent. Avec le temps, nous acquérons des réflexes aux côtés des médecins qui nous guident et nous apprennent beaucoup. »
Au téléphone, ces futurs professionnels de santé doivent aussi faire preuve d’une grande qualité d’écoute. « Certains patients sont très stressés. Nous sommes aussi là pour les rassurer », précise Patricia. « Dans mes précédents stages, je n'avais pas conscience de l'importance que pouvaient avoir de simples conseils. Je me rends compte maintenant à quel point quelques mots peuvent aider les patients », ajoute-t-elle. Des psychologues et des psychiatres sont disponibles, à tout moment, pour prendre en charge les appels, si nécessaire.
Dans cette ruche créée en seulement quelques jours, l’activité est dense. « En une après-midi, je passe en moyenne une soixantaine d’appels d’environ dix minutes », précise Damien Lévêque. Lorsqu’ils le souhaitent, les volontaires peuvent à tout moment décider d’arrêter. « Nous sommes libres d’organiser notre planning comme nous le souhaitons. Nous pouvons faire des demi-journées (8h-15h/14h30-20h) ou des journées entières. Moi, j’ai choisi de venir toutes les après-midis sur la plateforme, du lundi au vendredi. » Les remerciements et la reconnaissance qu’ils reçoivent de la part des patients les encouragent à continuer : « C'est vraiment motivant de savoir que nous avons pu aider quelqu’un », sourit Patricia.