Tom Resseguier

Tom Resseguier

Danseur de haut niveau et étudiant en licence 3 double majeure physique et mathématiques

Si valider une double licence en parallèle du conservatoire demande de l’organisation et quelques concessions, mon intérêt pour les sciences et l’envie d’avancer m’ont porté

Il est 22 heures au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (CNSMDP). Tom Resseguier a dansé toute la soirée pour le spectacle du Junior Ballet. A peine descendu de la scène, il court au vestiaire, puis ressort saluer une dernière fois les spectateurs et les autres danseurs qui l’attendent sur le parvis du conservatoire. Plein d’enthousiasme, il nous rejoint pour une interview, ses cours de physique de la journée dans une main, son sac de sport dans l’autre. Il n’a pas encore eu le temps de dîner après 2H de représentation. Il a l’habitude. Ses journées sont bien remplies.

8H45 : Sur le campus Pierre et Marie Curie de Sorbonne Université, il enchaîne, avec intérêt, les cours de maths, de physique, d’informatique, etc.

12H45 : Il s’engouffre dans le métro, direction Porte de Pantin, pour rejoindre le conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Entre deux stations, il avale un sandwich.

13H45 : Il court. Il est en retard. Le métro est resté bloqué 5 minutes. Arrivé au CNSMDP, à peine le temps de se changer, il part s’échauffer.

14H : C’est parti pour 4H de cours intensifs de danse classique, contemporaine, de variations, de pas-de-deux et de séances de coaching.

18H : Les répétitions du spectacle commencent.

20H : Les spectateurs sont dans la salle. Tom entre sur scène avec le Junior Ballet.

22H : Nous le retrouvons à la sortie du spectacle. Il mange sur le pouce. Il n’a pas encore eu le temps de faire ses exercices de maths pour le lendemain ni réviser son examen de physique. Mais il prend le temps de nous raconter comment tout a commencé.

24 heures, la tête dans les étoiles

Enfant, il a découvert la danse en suivant sa sœur à l’une de ses représentations. Il s’y est essayé et a tout de suite été à l’aise sur scène. Alors il a voulu s’investir davantage.

A 13 ans, il passe l’audition de la très convoitée école de danse de l’Opéra de Paris. Recalé, il ne perd pas espoir et continue à travailler dur. Cela paie. Il intègre l’École Nationale Supérieure de Danse de Marseille (ENSDM). Puis, il voit plus loin. Il part en Allemagne et entre à l'École de Danse du Ballet de Hambourg. Il y reste deux ans. 7h de cours et de répétitions par jour, du lundi au samedi. En parallèle, il suit une première et une terminale scientifiques à distance.

« Je révisais mon bac dès que j’avais du temps libre (parfois même dans les coulisses des spectacles !) », précise-t-il.  

Tom Resseguier

Tom Resseguier © Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris

A la fin de ces deux ans de danse intensifs, il nous confie avoir besoin de faire une pause. Il se tourne alors vers un autre domaine qui l’intéresse depuis longtemps : la physique et l’astronomie.

Il s’inscrit à la faculté des Sciences et Ingénierie de Sorbonne Université pour suivre une première année pluridisciplinaire en Physique-Chimie-Géosciences-Ingénierie. Il y développe un intérêt grandissant pour les mathématiques et s’oriente vers un parcours particulièrement exigeant : une double licence physique et mathématiques dans l’espoir d’intégrer plus tard un master d’astrophysique.

En parallèle de ses études à Sorbonne Université, il reprend la danse et réussit l’audition du prestigieux Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (CNSMDP). Alors qu’il fait partie du Junior Ballet du conservatoire, il peut, grâce au statut d’artiste de haut niveau dont il bénéficie à l’université, aménager son parcours d’études en fonction de ses objectifs artistiques.

« L’équipe pédagogique de l'université a toujours été très à l’écoute et a fait le maximum pour me permettre de réussir ce double parcours dans les meilleures conditions. Si valider une double licence en parallèle du conservatoire demande de l’organisation et quelques concessions, mon intérêt pour les sciences et l’envie d’avancer m’ont porté », affirme-t-il.

Avec le département des activités physiques et sportives (DAPS), il s’essaie à d’autres sports comme la gymnastique, le taekwondo, l’escrime et la natation. Et parce qu’il a encore suffisamment de place dans son emploi du temps pour s’investir dans la vie universitaire, il choisit de devenir « étudiant pilote ». 

« Ayant bénéficié d’un bon accompagnement lors de mon arrivée à l’université, j’ai voulu à mon tour accueillir et orienter les nouveaux étudiants. Cette expérience très enrichissante a été, pour moi, une façon de rendre à l’université un peu de ce qu’elle m’avait donné », ajoute-t-il.

Et lorsque nous lui demandons comment il envisage la suite, il nous répond, avec beaucoup de sérieux, qu’il sait que sa carrière de danseur se joue maintenant. Engagé dans plusieurs compagnies, il a décidé de faire une année de césure pour vivre la danse pleinement. Mais il affirme qu’il reviendra en 2020 pour poursuivre ses études en master de physique et accomplir son rêve : se rapprocher des étoiles, comme danseur ou astrophysicien.